ILLUSTRATIONS
Aquarelles originales de Marie-Pierre LECA (Limoges)
les personnages principaux du roman:
Gaultier, le peintre des fresques de la chapelle
Guiot, apprenti du peintre
Pierre, prieur, dans le cloître du prieuré de Gargilesse.
La châsse de Sainte Soulange
Ysabeau, remégeuse (guérisseuse), amie de Gaultier
Rogier, paysan, ami de Gaultier
Aimelina de Born, dame du seigneur de Gargilesse
Hugues, seigneur de Gargilesse
CONTEXTE HISTORIQUE
A la fin du XIIe siècle, le Bas-Berry, rattaché au Duché d’Aquitaine mais situé à la lisière du domaine royal français, est le théâtre de luttes sans fin, entrecoupées de trêves et de pourparlers inutiles, entre le roi de France Philippe Auguste [1] et Henry II Plantagenêt [2], duc d’Aquitaine, pour la possession de ces terres berrichonnes.
D’un côté Henry II, puis à sa mort son fils Richard [3], poursuit le double but d’agrandir ses possessions en «grignotant» le domaine du roi de France et d’éluder l’hommage qu’il lui doit en tant que vassal; de son côté, Philippe Auguste, pour affermir son autorité en Berry, tire profit des dissensions entre père et fils Plantagenêt qui s’entre-déchirent, remettant sans cesse en question l’autorité de leur père.
A plusieurs reprises, entre 1187 et 1189, Philippe rassemble une armée en Berry, s’empare de plusieurs seigneuries berrichonnes, assiège des forteresses (comme Issoudun ou Buzançais), dévaste la région jusqu’à Châteauroux. Les deux adversaires envoient, pour défendre leur cause en terre berrichonne, des bandes de mercenaires (appelés cottereaux ou brabançons) qui se distinguent autant par leur rôle au combat que par les pillages qu’ils commettent dans les villages alentours.
Statu quo en juillet 1190, lorsque Richard et Philippe partent en croisade (la 3ème) pour reprendre Jérusalem tombée aux mains des musulmans en 1187. Au retour de croisade, le combat reprend entre les Capétiens et les Plantagenêts et il faudra attendre le milieu du XIIIe siècle pour voir le Berry sous domination totale du roi de France.
La seigneurie de Gargilesse dépend à l’époque du récit, de la puissante seigneurie de Déols près de Châteauroux, elle-même sous l’autorité directe du duc d’Aquitaine, à la suite du mariage arrangé par Henry II, de Denise, héritière de la famille de Déols avec un des fidèles chevaliers du duc.
Carte de France en 1180:
cliquez sur la carte pour l'agrandir : au centre la Seigneurie de Déols.
[1] Philippe Auguste (1165 †1223), sacré roi de France en 1179, fils de Louis VII.
[2] Henry II Plantagenêt (1133 †1189), roi d’Angleterre, duc de Normandie, comte d’Anjou et du Maine, et duc d’Aquitaine à la suite de son mariage en 1152 avec Aliénor d’Aquitaine, épouse répudiée de Louis VII.
[3] Richard Ier d’Angleterre, dit Cœur de Lion (1157 †1199), fils d’Henry II et d’Aliénor d’Aquitaine, hérite de tous les titres de son père, à la mort de ce dernier en 1189.
PERSONNAGES HISTORIQUES
cités dans le roman :
HUGUES DE NAILLAC (né en 1155) fut chevalier, seigneur de Naillac, du Blanc et de Gargilesse. Il se maria avec Mahaud de Fontenelles. Etait vassal d'André de Chauvigny, seigneur de Déols et Châteauroux. Hugues se trouva en présence du roi de France Philippe Auguste, probablement en 1187, à l'occasion de la signature d'une charte concernant l'hommage au seigneur de Chauvigny.
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ANDRE Ier DE CHAUVIGNY (vers 1160 †1202), seigneurie située sur les bords de la Vienne en Poitou. Fut surnommé 'Le Preux des Preux'. Vassal et fidèle chevalier de Richard Coeur de Lion, il combattit vaillamment les Sarrasins en Terre sainte lors de la 3e croisade. On raconte qu'il fut blessé au talon par un domestique de Saladin et resta boiteux jusqu'à la fin de ses jours d'où son autre surnom André le Clop (< cloper= boiter en ancien français). André eut plusieurs différends avec les abbés de Déols: ceux-ci prétendaient avoir reçu de mauvais traitements de la part du seigneur de Déols et firent appel au Pape Célestin III.
Sa devise: 'Chauvigny, chevaliers pleuvent'.
Il se maria avec DENISE DE DEOLS (vers 1173 †1221) en 1189 à Salisbury, en présence d'Aliénior d'Aquitaine, la mère de Richard Coeur de Lion, et devint par ce mariage seigneur de Déols et Châteauroux, Saint Chartier, Cluis, Aigurande, Le Châtelet... Denise était la fille de Raoul de Déols (vers 1148 †1176) dernier seigneur de la maison de Déols.
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HENRI DE SULLY fut archevêque de Bourges de 1183 à 1199. C'était le frère de l'évêque de Paris Eudes de Sully qui poursuivit la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Henri fit une donation au chapitre de la cathédrale de Bourges en 1195 pour la reconstruction du monument dans le nouveau style gothique qui s'étalera sur une trentaine d'années jusqu'en 1230. Dans le roman, c'est lui qui se charge de la cérémonie de consécration de la chapelle de Gargilesse.
Articles sur la cathédrale de Bourges:
http://www.ville-bourges.fr/site/cathedrale
https://structurae.info/ouvrages/cathedrale-saint-etienne-1250-bourges
http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/2006/08/07/2429058.html
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BERTRAN DE BORN (vers 1140 †1215), né au château de Born (disparu) en Dordogne, fut un troubadour de langue d’oc à la cour du duc d’Aquitaine et chevalier à la solde de Philippe Auguste ou des Plantagenêts en fonction de ses intérêts. Il possédait le château de Hautefort (Dordogne) avec son frère Constantin. Le troubadour s’empara du château aux dépens de Constantin en 1182. Il semble que ce dernier rejoignit en 1183 une bande de cottereaux qui vivaient de pillages, peut-être ceux qui dévastèrent le Berry à la même époque.
Marié à Raimonda puis à Philippa en secondes noces.
Il eut 4 enfants (?) (je me perds dans sa descendance...): Itier, Aymelina (qui est la Dame du seigneur de Gargilesse dans le roman), Bertran et Constantin.
Vers 1196, il entra au monastère cistercien de Dalon (Dordogne) où il finit ses jours.
Cant vei pels vergiers desplegar Quand je vois déployer par les jardins
Los cendatz grocs, indis e blaus, Les oriflammes de soie jaunes, indigo et bleus,
M’adousa la vos dels cavaus M’emplissent de douceur le hennissement des chevaux
E-l sonet que fan li juglar Les mélodies des jongleurs
Que viulen de trap en tenda, Qui jouent de la viole de tente en pavillon,
Trombas e corn e graile clar. Les trompettes, les cors et les clairons au son aigu.
Bertran de Born
Plus d'infos sur sa vie et son oeuvre: https://etablissementbertrandeborn.net/spip.php?article8
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PHILIPPE II dit 'AUGUSTE' (1165 †1223), sacré roi de France en 1179, fils de Louis VII et d'Adèle de Champagne.
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ALIENOR D'AQUITAINE (1122 †1204), reine de France (mariée à Louis VII) en 1137 puis reine d’Angleterre (remariée à Henri II en 1152). Elle accompagna Louis VII en Terre Sainte lors de la 2e croisade en 1147.
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HENRI II PLANTAGENÊT (1133 †1189), dit le Vieux (Enric lo Vièlh en parler limousin), roi d’Angleterre, duc de Normandie, comte d’Anjou et du Maine, et duc d’Aquitaine à la suite de son mariage en 1152 avec Aliénor d’Aquitaine, épouse répudiée de Louis VII.
HENRI LE JEUNE (1155 †1183) Enric lo Jove en parler limousin, 2e fils d’Henri II Plantagenêt. Marié à MARGUERITE DE FRANCE (1158 †1197), fille de Louis VII et Constance de Castille, sœur de Philippe Auguste. Après le décès d'Henri, elle se remaria en 1186 avec Béla III, roi de Hongrie avec qui elle se rendit en Terre Sainte, lors de la 3e croisade.
RICHARD dit 'COEUR DE LION' (1157 †1199), frère de Henri le jeune, roi d’Angleterre en 1189, à la mort de son père.
LEXIQUE BERRICHON
Termes berrichons employés dans ce roman
à l’usage des non-Berrichons dépaysés
(transcription phonétique)
s’Abrâser: s’effondrer
Agat d’iau : forte averse
Angloués : l'Anglais
Argardure: apparence physique
Ariau : araire (charrue simple, sans avant-train et sans roues)
Ariotte: bâton
S’Arreuiller : regarder intensément
Si j’t’Aveinds : si j’t’attrape!
Avorat: goinfre
Auvart : ouvert
Aveuille : aveugle
Barriau: barrière
Ben : bien
Berlaudiot : niais
Berdin: simple d’esprit
Biger : embrasser
Bouchure : haie vive
Bouère : boire
Boués : un bois, bâton
Bouffer (dans une corne de vache): souffler
Bramment : correctement
Breure : bruyère
Brioler < le briolage : chant en sons retentissants et filés en point d'orgue de longue tenue dont le laboureur accompagne le travail de ses bœufs. « Ce chant est réputé […] posséder la vertu d’entretenir le courage de ces animaux, d’apaiser leurs mécontentements et de charmer l’ennui de leur longue besogne. […] La note finale de chaque phrase, tenue et tremblée avec une longueur et une puissance d’haleine incroyable, monte d’un quart de ton en faussant systématiquement ».[1]
un Brioleux : laboureur qui briole.
[1] extrait du roman ‘La mare au diable’ de Georges Sand.
ça m’Chafaude : ça m’travaille
Chiere : visage
Ch’tit(e) : malingre ou mauvais
Cordelé : tiraillé (par la faim)
Cute-toué : assieds-toi
Darrier : fesses
Depeus : depuis
se Dépatter les artous : se nettoyer les pieds
Dret : droit
ça Drôpe ! : Quelle hâte !
Ébervigé : simple d’esprit
je m’Effouasse: je tombe, je m’écrase
Encavé : enterré
Entermi : entre
Eumer : aimer
Fasée : multitude
Fouès : fois
Fourment : blé
Fretouille : anguille
Garganet : gosier
Jabotée (s’en prendre une) : festoyer
Jônée : feu de la St-Jean
Manquable : probablement
Mainson : maison
Moué: moi
Moun, nout’, toun : mon, notre, ton
Oeille : brebis
Ortruge : ortie
à Persent : à présent
Peu me bout : je m’en fiche.
Piéter : s’impatienter
Rassigneux: rossignol
Rechignoux : pleurnichard
Remégeuse : guérisseuse
Riau : rivière, ruisseau
Savouèr : le savoir
Soué : soif
Tasouner : prendre son temps, traîner
Timber : tomber
Terjous : toujours
Teu: tu
Trouès : trois
Valter: aller à droite à gauche
Veux-tu-couri (prendre son) : s’enfuir
Vouèle : voile
Vouèr : voir
Anciennes unités de mesure :
une lieue du Berry = 3,885 km une coudée = 50 cm environ un pied = 32 cm environ une toise = 1,949 m une verge = 0,97 m un arpent = 0,6 ha
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